Chroniques d’Amé : Comment, je n’ai jamais été le père de ma fille ?


Comment, je n'ai jamais été le père de ma fille ?
Les femmes se font tant victimes. Un homme m’a mise enceinte et a disparu, il m’a trompée, bernée puis m’a abandonnée… C’est vrai, beaucoup d’hommes aujourd’hui n’ont plus le sens de la responsabilité mais ce n’est pas juste une question d’hommes. Les femmes, elles font pire et transforment des hommes responsables en monstres. J’ai connu cette fille en Belgique. Elle y était en vacances.
Elle disait vouloir vivre en Europe. Je l’ai automatiquement aimée. Elle était tout ce que j’avais toujours désiré même si entre amis (nous avions quelques amis en commun), elle n’avait pas très bonne réputation. Je trouvais vraiment trop injuste d’affliger une personne simplement parce qu’elle a eu un passé lourd en mauvais choix. J’avais la certitude qu’au fond d’elle sommeillait un ange. Quatre mois après, lorsqu’elle m’informa qu’elle portait notre bébé, je fus l’homme le plus heureux du monde. Nous allions avoir un bébé. Ce fut tout naturellement que je demandai sa main mais pour ça, elle insista pour qu’on rentre chez elle en Afrique.

Je me pliai à ses désirs et en Décembre 2007, je l’épousai légalement devant la loi et les hommes.

C’est tout ce qu’elle voulait m’avait-elle dit. Le mariage religieux attendra, nous avons toute la vie pour cela. Elle voulait lancer un certain nombre d’activités au pays avant de repartir, je n’y vis aucun inconvénient et finançai tout. Durant neuf mois, ce furent des hauts et bas que je fis porter à la grossesse et aux hormones. Lorsque je parle de hauts et bas, ma femme pouvait m’interdir de dormir dans notre villa louée pour le séjour qui à la base devait durer 2 mois et qui depuis 8 mois ne finissait pas, simplement parce mon parfum qu’elle m’offrait elle-même, ne lui plaisait plus.
Elle avait commencé à me traiter de con, de nul, d’incapable devant sa famille, ses amis. Elle avait en un laps de temps claqué toutes mes économies. Tout ce qu’elle désirait devait-être fait dans la seconde, autrement c’étaient des crises. Parlant de crises, ma femme avait saisi mon passeport et le certificat de mariage qu’elle avait déposé chez sa mère soit-dit, m’empêchant ainsi tout mouvement. J’avais perdu mon travail dans la période parce que j’avais trop longtemps été absent. Il me fallut d’ailleurs faire une mise à disposition d’un an pour éviter un procès.
Sans travail, après avoir dormi presque six mois dans les hôtels de la ville, après avoir offert à Madame la Rover qu’elle désirait, après avoir fait les papiers pour qu’elle retourne accoucher en Europe, puis changement de programme, madame voulait accoucher aux USA, après avoir pris en charges toutes les dépenses dues aux mille problèmes de sa famille, ses frères et sœurs, je me retrouvai sur la braise.

Il fallait que je parte, il fallait que je rentre chercher un travail au plus vite sinon, c’était ma fin.

Ce que vous ne savez pas, c’est que je suis un blanc. C’est seulement à la veille de son accouchement que ma femme daigna sortir enfin mon passeport. Il fallait partir de toute urgence, pas au sixième ou septième mois non. Madame était l’ex-copine du Directeur de la compagnie aérienne alors elle se fit ouvrir le vol malgré son état avancé.
Passeport en main pourtant, je ne pus accompagner ma femme aux USA, accoucher car mes moyens furent très limités. J’avais tout vidé et même fais des prêts auprès de ma mère pour sauver la situation. Je pris donc un autre vol pour la Belgique pour sauver la situation. Ma femme à ma grande surprise, fit le voyage avec ses deux sœurs, pourtant elle m’avait dit partir seule… Une fois aux USA, l’arrivée du bébé fut rapide. Elles y restèrent, tenez-vous bien, sept longs mois. Les mois les plus difficiles de ma vie.
En situation de chômage, j’avais cherché du travail sans succès. J’avais fait de petits boulots à gauche à droite pour leur envoyer de l’argent. Je croulais sous des dettes à la banque, auprès de ma famille. Je perdais de ma superbe car les problèmes étaient là, constants mais le pire, c’était le comportement de ma femme et sa famille, durant tous ces mois où je souffrais, je n’ai vu une photo de ma fille qu’à sa naissance. C’était cette seule photo que j’avais d’elle. Lorsque j’en demandais, sa mère me disait que je n’en étais pas digne.

Comment un père ne pouvait-il pas être digne de regarder son enfant ?

Je luttais pour trouver de l’argent et aller les voir car elle ne voulait pas quitter les Etats-Unis. Ma femme vivait sa vie. Lorsque j’appelais, elle rejetait les appels ou alors ne les prenait carrément pas. Puis elle finit par me bloquer, je ne pouvais plus la joindre car elle avait changé ses numéros. Je me retrouvai dans le noir total, sans mon seul espoir, ma petite fille que je ne vis pas, ne toucha pas…
Je frôlai la dépression, tellement ce qui me tombait dessus était unique et difficile à supporter. Moi homme, j’avais tellement souffert et pleuré. Mes parents ne comprenaient pas qu’une femme qu’ils avaient accueillie, aimée, puisse faire cela. Je ne savais même pas quelle réponse leur donner. Je veillais, je restais là, assis dans le noir à appeler ses numéros et à écouter ce répondeur qui au final devint mon ami. Sur facebook, je lui laissais des messages qu’elle lisait mais auxquels elle ne répondait jamais. Elle ne publiait jamais les photos d’elle, ni de notre fille. Elle m’avait juste coupé de leur monde.
Ses parents pareils ne décrochaient point mes appels. Au début difficilement d’ailleurs, j’avais pu parler à sa mère et son père. J’avais été surpris de la froideur avec laquelle ils m’accueillirent. Ils m’avaient presque interdit de les rappeler car selon eux, je devenais un danger pour leur fille et petite-fille. Mais il s’agissait de ma fille aussi, mon enfant.

Je restai dans cette galère jusqu’au premier anniversaire de ma fille.

Jamais je ne l’avais vu en vrai. Les quelques amis que j’avais en commun avec ma femme, avaient essayé de lui parler mais elle avait bloqué tout le monde. Ma vie s’arrêta. Le jour de son premier anniversaire, malgré la colère que j’avais contre sa mère, je me rendis dans une boutique de jouets et lui pris un nounours et plein d’autres jouets. Je ne savais pas où les envoyer, je ne savais même pas ce que je faisais. Je ramenai tout ce lot dans mon appartement que je posai devant moi et fondis en larmes.
Ces jouets je les avais achetés avec mon tout premier salaire maintenant que j’avais trouvé du travail pour de vrai. J’étais à la fois fier et déstabilisé. Comment une personne qu’on a autant aimée aurait pu être capable de tant de cruauté ? Au bout de deux ans, je décidai de me rendre au pays de cette fille pour faire mes propres enquêtes. Je ne savais pas si elle y était revenue ou pas mais dès que je posai pied dans la maison familiale sans prévenir, la mère fit tout un scandale et menaça d’appeler la police si je ne disparaissais pas de suite.
Elle avait crié sur moi, avait dit que j’étais un malade mental, un psychopathe qui menaçait de tuer sa fille et sa petite-fille. Elle disait ces choses sous mon regard surpris et choqué… Mais qu’avais-je donc fait pour mériter toute cette cascade de cruauté ? Je ne demandais qu’à voir ma fille… Je ne demandais qu’à jouer mon rôle de père aimant pour sa fille.Vraisemblablement, ma femme n’était pas là.
Je retournai m’asseoir dans un bar que je fréquentais lorsque j’étais rentré me marier. Le gérant, un monsieur assez sympathique me reconnut et vint s’assoir à ma table.
Il me questionna sur tout et sur « mon divorce »… Quel divorce ? Je n’étais point divorcé.
– Comment ça tu n’es pas divorcé ? Ta femme s’est remise avec un autre blanc depuis quelques mois. Elle est rentrée se marier ici même au pays. J’ai même vu ta fille, une magnifique enfant.
– Mais de quoi me parles-tu là ? De quoi parles-tu ?

Je pétai un câble et me mis à tout bousculer et casser. Je ne comprenais plus rien du tout. Là oui, je devenais fou… Ma respiration se coupait.

Cet homme demanda à ses agents de ne point me toucher et finit par m’amener dans son bureau. Je donnai libre cours à mes émotions. Je lui racontai tout. Pris de pitié, il me raconta que cette fille s’était mise avec un riche libanais qui avait même adopté ma fille et avec qui ma femme a vécu quelques mois avant de repartir aux USA.
– Cet homme fait le tour du monde pour ses business, c’est un très grand et riche homme, tu ne peux pas lui faire face. Je sais que c’est difficile mais tu dois oublier et vivre ta vie. Cette fille n’était pas la bonne pour toi. Elle s’était juste servie de toi pour obtenir plus facilement l’accès à l’Europe, maintenant qu’elle n’a plus besoin de toi, c’est fini.
Je vous promets que cette nuit-là, je pensai sérieusement à me suicider, je voulais en finir, je voulais tout arrêter. N’eut- été l’appel téléphonique de ma mère, tombé d’ailleurs à pic, je serais passé à l’acte.
Avec le nom de cet homme, le lendemain, je trouvai la force de continuer mes recherches. Dans ses entreprises, personne ne voulait m’en dire plus sur lui. J’avais en main une photo de mariage de ma femme et moi que j’affichais partout mais ils me regardaient bizarrement, comme si j’étais un fou, un malade ambulant.
– Hé le blanc, pars d’ici avant de devenir un problème pour nous. Nous sommes ici pour travailler, pas à ta disposition. Pourquoi tu harcèles cette femme ? C’est la femme du patron et elle n’habite même pas ici, elle vit très loin avec leur fille. Tu nous fatigues, fous le camp… Un blanc moisi comme toi, regarde même comment il est habillé…

J’étais revenu plusieurs fois là sans moyen de rentrer rencontrer un responsable. J’avais été bloqué à la guérite par ces agents de sécurité mal élevés.

Mes deux semaines tiraient à leur fin et je devais rentrer reprendre le boulot. Je retournai donc à la mairie où avait été célébré notre mariage pour prendre une copie de cet acte de mariage. A ma grande surprise, on m’annonça qu’aucun mariage n’avait jamais été célébré à cette date avec comme mariés mon épouse et moi. J’eus le vertige et m’écroulai.
A mon réveil, j’étais allongé par terre dans une petite salle, aspergé d’eau. Je découvrais que ce mariage en question n’avait même pas été un vrai… Mais comment cela aurait pu être possible ? Je ne suis pas fou, nous nous étions mariés là, à cet endroit exactement… Je vous dis qu’il n’y avait plus aucune trace de notre mariage, dans les registres. Mais…
Tout avait été du faux ? Ou autrement, ma femme avait dû payer pour supprimer toute trace de nous.
– Laisse faire, m’avait dit mon ami, gérant du bar. De toutes les façons, tu ne peux rien faire. Ici, même la police, la justice est au service des plus riches alors si tu te mets dans cette spirale, tu ne vas pas seulement perdre ton argent mais aussi ta vie. Une chose est certaine, ta fille reste et restera ta fille. Tôt ou tard elle grandira et cherchera à connaître la vérité sur qui est son vrai père. Tu n’as même pas de photos d’elle pour la rechercher et apparemment sa mère a changé de nom. Comment penses-tu procéder ?

Tu n’y peux rien. Tu es juste tombé sur un diable… Cette fille n’en valait pas la peine.

Elle s’était juste servie de toi pour atteindre ses objectifs et maintenant qu’elle les a atteints, elle t’a libéré. Je pensai à tout. Comment faire enfermer toute sa famille pour commencer. Je pensai même à utiliser les pouvoirs occultes contre eux mais je n’en eus pas le courage. A la fin de mon séjour, je pris mon vol pour la Belgique, me jurant de retrouver ma fille un jour tôt ou tard et aussi sa mère à qui je demanderai des comptes.
Cela fait des années que je n’ai absolument aucune nouvelle de mon enfant. Aujourd’hui, elle aura 14 ans l’année prochaine et j’ai beau chercher, je n’ai toujours aucune trace d’elle mais je sais que je finirai par trouver et ce jour-là, je lui raconterai toute la vérité et aussi le diable qu’elle a comme mère.
Il m’est quasiment impossible de refaire confiance en une femme après mon histoire. Je me suis mis avec une femme de chez nous il y a trois ans, mais malgré nos jumeaux, je n’oublie jamais ma fille. Je pense à elle tous les jours que Dieu fait.
Voilà comment une femme peut être cruelle sans raison.
Recueilli et publié par Amé Océane CODJIA

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