KATIA La Premium Manager


Elle s’appelle Katia NOUVI-TEVI, mais vous pouvez l’appeler la Premium Manager. La trentaine débutante, elle cache sous ses airs de garçon manqué et de fausse timide, une redoutable femme d’affaires. Poing de fer dans un gant de velours, elle a révolutionné le divertissement à Lomé avec les espaces Premium (night-club, lounge, et salle de fêtes..). Entre deux rendez-vous, elle a bien voulu nous accorder quelques minutes de son précieux temps. C’est au volant de sa BMW que Katia lève le voile sur un parcours assez atypique. Rencontre avec cette ingénieure en téléinformatique qui domine les nuits de Lomé depuis cinq ans déjà.

On est un lundi soir du mois de mars, 18h03 à Lomé, je viens d’avoir Katia au téléphone. Nous avons pris rendez-vous sur 18h au Premium Shisha Club. Elle arrive avec quelques minutes de retard, elle s’excuse poliment. « J’ai une réunion qui a duré plus que prévu, J’en ai une autre tout à l’heure. Si ça ne te dérange pas, on fait l’interview dans la voiture. Comme ça, nous pourrons gagner du temps, tous les deux » rebondit-elle avec un timide sourire. Sa réponse me fait penser au dicton anglais « Time is money » (le temps, c’est de l’argent !). Je monte à l’avant, et elle démarre en trombe, après avoir laissé un mot au gardien.  « Alors, dis-moi qu’est-ce que tu veux savoir ? »… Je prends quelques minutes pour l’observer ; elle porte une culotte carrelée, un t-shirt discret, une Hugo Boss au poignet, des lunettes de marque aussi, du Tom Ford je crois, et elle est concentrée sur la route. Nous venons d’arriver au carrefour de Dékon. Le feu est rouge, je sors mon agenda et mon enregistreur et nous commençons par discuter.

Née un 06 Février dans la capitale togolaise, Katia est la benjamine d’une famille de treize enfants.Elle est ingénieure des travaux en téléinformatique, diplôme qu’elle a obtenu au Sénégal, après une licence en télécommunications à ESIBA – Lomé. Katia est le genre de personne qui ne fait pas beaucoup pour impressionner, tellement son charisme naturel vous interpelle dès qu’elle est là.

 

Des télécommunications aux nuits de Lomé : quand la passion prend le pas sur la raison

Rentrée à Lomé en 2011 après son parcours d’ingénieur, Katia enchaîne d’abord les stages dans de grandes entreprises africaines, MOOV-TOGO, CEB (Communauté Electrique du Bénin), puis à la BOAD (Banque Ouest Africaine de Développement). Comme tout bon jeune diplômé, elle se voyait déjà ingénieur BLR (ndlr : Book local Radio) ou commutation dans une compagnie de télécommunications. Mais sa passion en décidera autrement.

La vingtaine entamée, Katia était ce qu’on appelle « une bonne vivante ». Les nuits de Lomé et tous les coins chauds de la capitale n’avaient pas de secret pour elle. Fin 2011, un ami lui propose de gérer temporairement son club, en attendant qu’elle trouve un vrai emploi. C’est le début d’une grande histoire qui s’écrit jusqu’aujourd’hui. Grâce à son riche carnet d’adresses, sa rigueur et sa créativité, le 55 devient très vite le siège des nuits endiablées de Lomé. Mais Katia n’y fera pas plus d’un an. Suite à des divergences de vision avec le propriétaire, elle quitte le navire du 55, avec beaucoup d’amertume, le cœur plein de souvenirs, et la tête pleine de projets. Katia fera une pause avec la nuit, le temps de devenir chargé de cours de marketing à ESGIS (ndlr : grande école supérieure à Lomé).

Lire aussi :   Lomé : Liste des pharmacies de garde de la semaine du 28 novembre au 05 décembre 2022

Mais bon, comme on dit, « chassez le naturel, il revient au galop ». En 2014, sa grande sœur (ndlr : Kaka, sa grande sœur, son amie et confidente) la recommande au propriétaire du Rézo. « Encore une fois, on (mon équipe et moi) relève le Rézo à Lomé, et on l’impose très vite comme une destination de choix. Deuxième déclic. Je commence par comprendre que je suis faite pour ça. Mais encore une fois, au bout d’un an, le propriétaire veut reprendre les rênes de son établissement, oubliant que c’est un travail de fourmi, de toute une équipe qui se sacrifie pour offrir des nuits inoubliables aux clients. Je pars une fois de plus, mais maintenant je décide de me mettre à mon propre compte. C’est là que commence l’histoire Premium », nous confie-t-elle, le regard brillant de détermination.

 

Le Premium Shisha Club 1.0, la révolution de l’Entertainment à Lomé.

Après avoir quitté le Rézo, Katia s’associe à Luc Agboblaka, à Mèmè Egah et à un troisième partenaire, pour créer leur propre espace. La vision était de faire du Premium, une marque, un label qui inspire professionnalisme et innovation dans le divertissement et dans les événementiels, ces jeunes ambitionnaient tout simplement de révolutionner les nuits de Lomé.Et le Premium Shisha Club en était la première étape.

« Pour la petite histoire, je n’avais presque rien en montant le Premium Shisha Club, si ce n’est mon expérience, la confiance de mes associés et le soutien de ma grande sœur Kaka. Nous avons ouverts en décembre 2014, Et très vite, nous avons connu un succès au-delà de nos prévisions. Le fait que nous étions jeunes et sortis de nulle part fascinait les gens.  Les soirées au Premium Shisha Club ne désemplissaient pas, et nous enchaînions les concepts. Je me rappelle encore de la soirée Plage que nous avions organisée. Une totale réussite, tant au niveau des clients, que de notre caisse (rires). »

Katia explique le succès quasi immédiat du Premium Shisha Club par la situation géographique (ndlr : Ex-Sunset, actuel parking en construction du siège de la LONATO)au carrefour du Boulevard qui traverse le centre-ville, et de la voie qui mène aux banlieues Nord de Lomé, mais aussi par le dynamisme de toute l’équipe et surtout la bénédiction de Dieu.« Nous étions hyper motivés, et très productifs, à tous les niveaux, de la stratégie à l’implémentation du concept, en passant par la communication, la gérance et le service client  chacun jouait à merveille son rôle. » renchérit-elle.« Et pour finir, je dirais que c’est nos fidèles clients. Ils ne sont jamais déçus quand ils viennent chez nous. L’adrénaline est toujours au rendez-vous, et il y a toujours du beau monde. Nos clients sont nos meilleurs ambassadeurs. Nous ne gagnions pas énormément d’argent, mais nous avons construit un nom, le Premium ». Le Premium Shisha Club sera déplacé sur la rue de l’Ocam en 2016, après la vente du terrain à la Lonato.

Lire aussi :   Togo/Showbizz : Kiko le Golden Boy nominé à l’African Talent Awards 2022

 

La vision Premium en marche : l’Esplanade, un espace lounge au cœur du grand Lomé,

En 2015, Katia ouvre un an exactement plus tard, un second espace pour prolonger l’expérience Premium. Avec le succès du premium Shisha Club, Katia gagne en confiance, et arrive à convaincre ses associés et d’autres partenaires de l’accompagner dans un projet plus ambitieuxL’Esplanade a été conçu pour un une cible plus discrète et moins « bling bling », qui cherche un espace pour se recréer et s’amuser. Un investissement qui peut facilement être évalué à plus de 70 millions de FCFA. Imposer un espace lounge restaurant à Lomé n’était pas un pari gagné d’avance. Une fois encore, le défi a été relevé. Tous les dimanches soirs par exemple, c’est en moyenne 500 personnes qui se donnent rendez-vous à l’Esplanade pour danser, manger, et dépenser.

 

Les trois erreurs à éviter quand on manage un night-club

Prendre ses amis pour des clients acquis. « Ce n’est pas parce que tel est mon ami qu’automatiquement il passera toutes ses nuits dans mes espaces. Non, tes amis sortent pour l’ambiance, et pour se faire plaisir. S’ils ne trouvent pas ce qu’ils veulent chez toi, ils iront tout simplement ailleurs. Tu dois draguer tes amis, les convaincre et les fidéliser, comme tous tes autres clients. »

Tenir compte du retour d’expérience de tout le monde. « Il y a des clients indécis par nature. Aujourd’hui, il te dira qu’il a beaucoup apprécié le Mix de DJ Nalo (ndlr : Dj Premium), mais c’est lui encore qui te dira le lendemain que Nalo ne le convainc pas. Il faut donc savoir qui écouter, et comment, et surtout faire une analyse de tous les retours clients, pour en exploiter les plus pertinents. »

Ne pas soigner son image. « Au bout d’un moment, les clients viennent dans nos espaces à cause de l’image que l’on renvoie, et à cause de notre nom « le Premium », il faut savoir préserver le mythe autour de nous. Ceci implique d’avoir une équipe qui sait rester discrète sur les situations de crise, et qui reste professionnelle même quand ça ne va pas ».

 

Lire aussi :   Togo: 15 adresses où vous pourriez prendre de belles photos

Mais pour réussir dans le milieu de la nuit, il est impératif d’être persévérant, car rien ne s’y acquiert facilement. Il est capital d’innover constamment, d’avoir une équipe dynamique, fidèle et redoutable. Il faut aussi croire en soi, croire en ses idées, mais surtout croire en Dieu, parce qu’on ne survit pas dans la nuit sans assise spirituelle réelle.

 

2018, le Premium Corporate : Maturité et expansion

Aujourd’hui, Katia n’a plus rien à prouver dans le milieu de la nuit à Lomé. Fervente chrétienne, elle entretient une relation privilégiée avec Dieu, relation d’ailleurs que beaucoup de gens trouvent paradoxal. Aujourd’hui, elle se sent appelée à des challenges plus importants. Katia ambitionne de « premiumiser » la communication au Togo et dans la sous-région, grandir pour devenir un groupe référence en termes de conseils et de stratégies pour des structures plus corporates. A l’heure où nous écrivons ces lignes, le Premium vient de quitter le management de l’Esplanade, et devient une entité distincte le Premium Corporate, une agence conseil en communication, stratégie et événementiel. Des divergences profondes avec son associé Mèmè EGAH sont évoquées pour expliquer cette scission.

En plus du Premium Shisha Club 2.0, Katia a également ouvert La Salle (salle de fêtes à louer pour divers événements), et annonce l’ouverture prochaine d’un nouvel espace lounge terrasse. Katia, pour finir, lève  un coin de voile sur sa privée, et balaie du revers de la main les rumeurs infondées sur sa personne. Elle n’est pas mariée, mais en couple. Et elle est très amoureuse. Bientôt un bébé premium ? Elle est restée évasive sur mon interrogation.

 

On vient d’arriver à Djidjolé chez sa grande sœur, ou apparemment elle a rendez-vous avec son avocat. Elle gare devant la maison, et m’invite sur la terrasse, où elle me sert un cocktail maison bien frais pour finir l’interview. Nous discutons encore quelques minutes de tout et de rien. Je finis mon verre et je prends congé d’elle.

 

 


Quelle est ta réaction?

Fun Fun
0
Fun
J'adore J'adore
0
J'adore
Triste Triste
0
Triste
WTF WTF
0
WTF

Gnadoe ne pourra vivre que grâce à ses lecteurs et à ses abonnés. Vous êtes au cœur du projet, aidez –nous à le faire grandir. Nous avons beaucoup d’autres idées en tête pour faire rayonner ce media.
Votre soutien nous permettra de porter plus haut nos ambitions.

Nous soutenir

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.