Les défis d’une femme entrepreneure togolaise : Nancy d’ALMEIDA (Part 1)


C’est moi où il y a une sorte d’épidémie entrepreneuriale ? Tellement de projets naissent !  Au Togo, dans ce domaine, la proportion féminine est non négligeable. Les femmes fournissent des efforts palpables pour fonder des entreprises solides et viables.

Quelque soit le domaine, elles s’activent et recherchent non seulement l’indépendance financière mais de plus en plus on ressent un besoin chez chaque femme qui entreprend, de désormais impacter par son idée d’entreprise et se rendre utile à sa société.

Parmi ces femmes vaillantes au Togo, on peut compter Nancy-Lynn d’ALMEIDA, jeune togolaise de 27 ans à l’initiative de Clara Cosmetics. Qui est la Boss Lady choco de l’affaire en vrai, et quelle est l’histoire derrière la création de cette entreprise ?

 

La genèse

Lorsque vous voyez Clara Cosmetics de loin, c’est beau. Mais de plus près c’est encore plus impressionnant. De prime abord, c’est l’aménagement qui vous séduira. Et précision de taille, ce chef-d’œuvre a été élaboré à base de meubles fabriqués ici en majorité. Nancy a voulu valoriser le travail de l’artisan togolais. Et le résultat est plutôt extra.

Nancy est née à Lomé au Togo et y a grandi jusqu’à son année de baccalauréat.  Elle se rend ensuite au Canada pour poursuivre ses études. Sa mère étant pharmacienne, il fallait bien assurer la relève. Vous-même vous connaissez les parents de professions libérales.

Nancy n’allait pas y échapper. Elle était donc étudiante en biologie moléculaire pour devenir pharmacienne. Mais le sort, Dieu ou  Nancy en a décidé autrement. Nancy vient d’une famille où le commerce est de mise et très jeune elle avait déjà la fibre entrepreneuriale. Par contre, la vraie histoire commence lorsqu’à l’âge de 19 ans elle décide qu’elle est une grande fille et veut commencer à se maquiller. Elle se rend donc à la boutique MAC, la marque aux produits cosmétiques très adulés.

Elle y achète un fond de teint qui cause chez elle une irritation endommageant sa peau. Déçue et remontée de ne pas retrouver sur le marché beaucoup de marques qui correspondent à sa couleur de peau et la respectent, elle décide de créer ses propres produits pour combler un besoin. Très curieuse et exploratrice de nature, Nancy se documente sur le net, achète des livres et crée des produits pour soigner sa peau affectée.

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En 2014, Nancy traverse une sombre période de dépression qui se solde par une véritable rencontre avec Dieu.  Elle se reprend en main et sa passion pour la cosmétique et la photographie la revigore. Dans la foulée elle décide d’ouvrir son blog dénommé La Boîte à Macarons, nom que porte aujourd’hui sa marque de cosmétiques pour laquelle elle s’implique dans la composition, le choix des textures et couleurs.

Elle s’y met à fond. Formuler, mélanger et tester, ça la connait ! Au départ elle fabrique les produits pour elle-même. Mais ensuite,  face à la demande, son coté commerçante s’éveille. Pourquoi ne pas rentabiliser son savoir-faire, mais aussi partager, apporter un plus à sa communauté ?  Et ce qu’elle ne voyait pas s’est révélé tout de suite à elle. Il s’agissait de lier sa passion et sa formation. Bingo !

 

Starting-blocks

Elle décide donc de revenir à Lomé pour réaliser son rêve : « C’est par acte de foi et d’obéissance que j’ai décidé de revenir entreprendre à Lomé.». En effet, elle fait désormais attention à l’appel divin depuis qu’elle a développé cette relation avec le Très Haut. Nancy pense que sa vocation est de se rendre utile pour les autres. Et pour elle, son pays avait besoin d’elle.

Elle abandonne ainsi le boulot bien payé qu’elle avait au Canada, pour foncer droit devant elle. Cette période a comporté deux décisions pour Nancy : le fait d’entreprendre, et de rentrer chez soi pour le faire. Ce qui est sûr c’est qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Etant employée, elle se demandait déjà pour qui elle travaillait et elle sentait l’appel de son pays.

Nancy avait déjà sa vision et avait tracé son plan. Et pour entreprendre, c’est la première des choses à faire.  La vision est le guide de l’affaire. « Lorsque tu as la vision et que tu la gardes,  à un moment donné tu dois la réaliser. Je sentais qu’il fallait que j’accouche de cette vision maintenant ! C’était le moment.».

Malgré le scepticisme de son entourage et le désavantage patent de l’environnement togolais où elle allait s’implanter, elle n’a pas reculé.  De toutes les manières elle pourra au moins compter sur ses proches, sa famille en cas de difficulté au lieu de se retrouver seule à investir au Canada.

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Et ici à Lomé, Nancy dit être contente du cercle qu’elle a constitué autour d’elle. « Je ne sais plus qui l’a dit, mais on est le résultat des cinq personnes qui nous entourent. Ça c’est hyper important ! » Pour entreprendre selon elle, il est donc impératif d’être bien entouré. « Aujourd’hui si j’ai un problème, au bout de trois coups de fil, je suis capable de trouver une solution ! Je suis énormément reconnaissante envers toutes ses personnes. Mes amis, ma famille, mon village comme je les appelle.». Affaire de réseautage ! Hum

 

Des obstacles d’entrepreneur

Quels ont donc été les difficultés de Nancy ? Ils sont de plusieurs ordres. D’abord démarrer le projet. Ce n’est pas toujours évident. Pour tous ceux qui sont confrontés au refus de leurs parents parce qu’ils ont décidé d’entreprendre elle dit «  j’ai compris que les parents, il faut leur prouver. Ce n’est pas qu’ils ne croient pas en nous. Il ne faut pas leur en vouloir. Ils n’ont pas forcément connu ce qu’on a connu, ils n’ont pas forcément cette ouverture d’esprit là et aussi leurs parents leur ont fait la même chose.».

Sa mère très sceptique au départ n’a pas eu d’autres choix que de lui dire un jour pendant une exposition accueillant 2000 personnes aux Canada « Il va falloir que tu penses à rentabiliser tout ceci un jour !  ». Pourtant la veille, elle avait été la première à la gronder et à la démoraliser du fait qu’elle conservait ses mixtures au frais, parce qu’elle trouvait la voie qu’elle prenait dangereuse, inutile et financièrement non sécuritaire.

Ensuite, le financement. « Je me suis rendue compte à quel point il était difficile de trouver du financement pour entreprendre. Les banques demandent des garanties et tout le monde n’a pas forcément la grâce de connaitre quelqu’un qui se porte comme caution… »

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Puis, il y a des difficultés liées à la clientèle. « J’avoue que le consommateur togolais est imprévisible. Il y a des produits que je pensais qu’ils allaient cartonner, mais pas plus que ça. Ceux sur lesquels je ne misais pas au contraire ont marché. Mais pour ça dès que tu saisis, tu t’adaptes.»

Pour Nancy qui développe sa propre marque, elle se heurte aussi aux appréhensions des clients. « On préfère ce que le blanc a produit. Dès qu’on entend que c’est une marque togolaise, on est réticent ». Pourtant il y a de très bons retours sur La Boite à Macarons. « Les clientes qui l’ont utilisé on trouvé que les produits sont légers et ne provoquent pas de boutons.

Elles sont satisfaites de la qualité et disent ne plus avoir besoin de commander leur produits de la France.» Nancy explique que cette marque non testée sur les animaux, est le fruit d’une élaboration à base de plantes, avec des vitamines, qui tient compte non seulement de l’esthétique mais aussi du soin de la peau. Or, rares sont les marques qui prennent réellement en compte ces deux aspects parce que cela coûte cher. Cependant elle a tenu à rendre accessible la marque.

On comprend que le rapport qualité-prix est intéressant au bout du compte. Qu’attendez-vous pour essayer cette marque pour votre bien-être, pour soutenir une jeune fille entrepreneure et participer à l’essor de l’économie du pays ?

Le fait est que l’africain a malheureusement tellement été longtemps déconnecté de l’utilisation de ses produits, que les réactions sont encore normales. Mais le temps vient où chacun arrivera à intégrer dans ses habitudes le « consommons africain ou togolais ».

Nancy est une ferme défenseuse de cet état de fait. Certes à Clara Cosmetics on vend  des produits importés, mais il y a une vitrine réservée aux produits locaux. Du moment où ils sont de bonne qualité pour la peau et les cheveux, Nancy n’hésite pas à participer à leur promotion en exposant ces produits chez elle. L’entraide est une règle d’or dirait-on chez les entrepreneurs.

Cette liste d’obstacles n’est bien entendu pas exhaustive, car la Boss Lady continue de découvrir la voie ardue qu’elle a choisi mais qu’elle assume.

 


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