Chroniques d’Amé : Ma colère excessive m’a poussé à poignarder ma femme


Colère excessive

Ma colère excessive m’a poussé à poignarder ma femme

J’avais cette maladie sans le savoir. La colère excessive. J’avais des troubles explosifs intermittents.

Bonsoir chers lecteurs. Dans l’optique de guider et de surtout montrer les méfaits de ces troubles de colère, je partage avec vous ce petit témoignage, une expérience dans laquelle ma femme a failli perdre la vie.

Lorsque j’étais enfant, il m’était arrivé de réagir très vivement lorsque j’étais en colère. De ce que m’avait raconté ma mère, lorsque je me mettais en colère, je me jetais par terre ou contre le mur, ou alors je me cognais la tête contre des objets jusqu’à saignement.

Mes parents avaient assimilé mon mal à une crise de l’enfance. À 5 ans, je n’en avais vraiment plus. J’étais un enfant normal mais en réalité, ma crise n’avait fait que se transformer en colère excessive intériorisée.

À l’école, lorsqu’une personne me mettait en colère, je me renfermais sur moi et ne parlait plus à personne. Tous disaient que j’étais timide, mais en réalité j’étais plus que colérique. J’avais dans ce silence, des envies de meurtre, une folle envie de retrouver le camarade en faute au coin d’une rue et de lui faire sa fête.

Il m’était même arrivé d’en effrayer quelques-uns de cette manière dans le noir.

À mes 25 ans, j’étais carrément une tout autre personne. Renfermé, introverti et très physique car je m’étais mis à la boxe. Mes amis avaient connaissance de ma colère excessive. Je parlais très peu mais lorsque j’étais énervé, oulala ! Pour me calmer, il fallait être plusieurs.

Dans mes relations amoureuses, dès que je m’énervais, je faisais un scandale et il m’était arrivé de lever la main sur trois filles ainsi. Mais jusque-là, je n’avais jamais soupçonné une maladie. Au travail, j’évitais au maximum les accrochages pour ne pas perdre mes postes.

À 36 ans, je décidai de me marier après deux ans de relation avec une jeune française. J’ai connu Marlène dans le cadre d’une mission en France. Elle fut la plus belle personne que j’ai connue.

Femme si belle, si douce et calme, elle prenait toujours tout avec recul. Les situations dans lesquelles je pouvais réagir vivement, elle prenait le devant et réglait tout à ma place. Elle me protégeait.

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Lorsque je fis ma demande en mariage et qu’elle accepta et décida de rentrer vivre au pays avec moi, je lançai mon entreprise pour être un peu plus indépendant.

Marlène faisait vraiment très attention à moi. C’était la première fois que je voyais une femme aussi concentrée sur ma personne et non sur sa personne. Cette femme se mettait toujours en arrière et me mettait moi en avant de tout.
J’avais tellement insisté pour qu’il s’agisse d’elle mais elle n’était jamais prête à se laisser mettre en avant.

Ma femme faisait tout pour moi. Lorsque je faisais une crise de colère excessive, elle ne réagissait jamais. Elle me laissait tranquille et quelques heures après, je me rendais compte de ma bavure puis allais lui présenter mes excuses.

Savez-vous comment elle réagissait ? Elle me prenait dans ses bras et me disait que tout allait bien et qu’il fallait plus pour me perdre ou la perdre. J’étais tellement touché par ses paroles que je culpabilisais.

Un soir, elle me parla de cette maladie, le Trouble Explosif Intermittent (TEI), je l’avais envoyée balader car jamais je ne m’étais pas senti malade. Elle avait voulu que nous consultions en France si au pays je ne me sentais pas à l’aise. J’avais très mal réagi. Elle le disait parce que nous partions en vacances dans un mois.

Toute la période qui avait suivi, j’avais accumulé des frustrations au travail et partout en fait. Tout m’agaçait car mes finances n’étaient pas au beau fixe et j’avais des échéances non respectées.

La pression fut terrible alors tout m’irritait. Je ne voulais pas qu’on me parle de sujets autre que ce qui me mettait dans ces états. Un soir, j’avais eu une rude discussion avec mon comptable, nous n’avions pas pu payer mon personnel à temps. Quelques écarts de langage de ce dernier et j’ai pété un câble et lui avais porté main.

Rentré, enragé, je m’étais directement attablé alors que Marlène venait de finir le diner et mettait le couvert.

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– Tu vas bien chéri ? M’avait-elle demandé de sa plus fine voix…

– Oui ça va, avais-je répondu hargneux.

Elle n’avait pas réagi à cela, elle m’avait juste passé la main sur la tête puis y avait posé un baiser avant de retourner dans la cuisine. Quelqu’un sonna à la porte. Irrité, je repoussai la chaise et ouvrit la porte. C’était l’homme de ménage, il venait lui aussi réclamer sa paie. Pffffffff.

Marlène aurait pu m’aider mais ma règle était qu’elle ne devait absolument jamais se mêler de mes finances et des charges de la maison. Elle avait insisté mais je n’avais pas accepté.

Voir cet homme-là, vers 21 h chez moi pour une maigre enveloppe me mit hors de moi et je le virai de suite. Revenu dans la salle à manger, mon téléphone se mit à sonner une énième fois, c’était toujours le comptable, tantôt son numéro, tantôt un autre. Je décrochai et j’entendis la voix d’un homme.

– Allo, oui, vous êtes Monsieur…

– Je répondis que oui…

– Bien, reconnaissez-vous avoir porté main à monsieur… ? Employé chez vous ?
– Qui êtes-vous vous d’abord ?

– Je suis le commissaire…

– Et ? Vous m’appelez à cette heure-ci pour quoi au fait ?

Sans attendre sa réponse, je lui raccrochai au nez et éteignis le téléphone.
La tension montait, montait, montait. J’avais comme du sang chaud dans le cerveau. Tout m’énervait. Sans m’en rendre compte, j’avais posé ma main sur le couteau de table dont je serai le poignet fort. Je n’avais pas fait attention à cet objet ni à ma femme qui venait par derrière un plat en main.

Elle passa derrière moi et posa le plat par-dessus mon épaule. Je ne sais plus ce qui s’était passé mais en sursautant, je m’étais défendu avec cet objet et la suite, il y avait du sang partout.

Marlène avait tenu le côté de son ventre et s’était écroulée en posant sur moi un regard perdu…

– Chéri, avait-elle dit avant de tomber.

J’avais réalisé ce que ma colère excessive m’a poussé à faire. Je jetai le couteau loin de moi, la transporta à bout de bras jusqu’à la voiture puis direction hôpital.

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Marlène s’en était sortie de justesse. J’étais restée égaré là…

Dès que le médecin me rassura, je sortis de l’hôpital et me rendis à la police. Les policiers ne m’avaient pas pris au sérieux ce soir- là. Ils avaient cru à une dispute entre conjoints qui s’était mal terminée mais étant donné que ma femme allait bien et était hors de danger, ils m’avaient simplement donné des conseils puis m’avaient libéré.

À son réveil, Marlène m’avait réclamé. J’étais venu la tête baissée. Elle m’avait tendu la main et m’avait fait assoir à côté d’elle sur le lit. Mes larmes n’avaient pas cessé de couler. J’avais horriblement mal.

– Ce n’était pas de ta faute chéri. Rien n’est de ta faute. Je veux juste que tu acceptes que nous consultions un spécialiste et tu verras que tout ira bien. Je veux que tu me fasses aussi une faveur, laisse-moi régler tes finances, considère cela comme un prêt. Tu me rembourseras après si tu souhaites.

Je l’avais regardé longtemps. Une femme comme Marlène était si rare…

Quelques semaines après, nous nous étions rendu en France et j’avais vu des psychologues pour comprendre l’origine de mon mal et la manière d’en guérir. Je devais trouver le moyen de canaliser ma colère excessive. Ce fut une thérapie rude. J’avais présenté des excuses à tous ceux que j’avais heurtés.

Savez-vous ce qui m’avait le plus marqué ? Marlène était enceinte de deux mois et s’apprêtait à m’en informer cette nuit-là…

Aujourd’hui, je suis un tout nouvel homme grâce à la plus merveilleuse femme au monde. Je suis une personne normale aujourd’hui. J’ai appris à relativiser, à lâcher prise, à considérer certaines choses plus importantes que d’autres. J’ai appris à connaître la colère et ses vices.

Aujourd’hui grâce à Marlène, je suis une toute autre personne. Cet excès de colère cache une vraie maladie mentale mais sous nos cieux, ce n’est pas connu ni pris au sérieux. Et pourtant, il y a des signes pour la reconnaitre et y faire face dès le jeune âge…

Source : Amé océane CODJIA


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